L'agriculture expose à différents troubles respiratoires dont voici une présentation établies selon les données scientifiques connues en 2018.


Les pathologies professionnelles pulmonaires agricoles (PAPPA) regroupent essentiellement 4 maladies ou groupes de maladies :

  • Les pneumopathies d’hypersensibilité
  • Les asthmes
  • La bronchite chronique et la bronchopneumopathie chronique obstructive
  • Les bronchopneumopathies "toxiques"

 


La description des PAPPA par le Pr. Dalphin


Les pneumopathies d'hypersensibilité (PHS)

Les pneumopathies d'hypersensibilité, anciennement appelée "alvéolite allergique extrinsèque", sont des maladies pulmonaires qui se caractérisent par une inflammation des poumons causée par une réaction allergique à une exposition à des poussières animales ou végétales.

La maladie du Poumon de fermier est la PHS la plus fréquente en France (2% des producteurs laitiers exposés dans le Doubs). D'autres PHS peuvent être observées en fonction du contexte professionnel : maladie des éleveurs d'oiseaux, maladie des champignonnistes, maladie de fromagers, PHS liées au travail du bois, etc.

De façon typique, la PHS réalise un syndrome pseudo-grippal associant courbatures, myalgies, fièvre, toux et difficultés respiratoires, qui a la particularité de survenir 4 à 10 heures après l’exposition. La présentation peut être moins typique et associer un amaigrissement, une fatigue et des symptômes respiratoires banals tels que toux et difficultés respiratoires. Parfois, le malade peut juste ressentir un essoufflement progressif et invalidant.

L'éviction antigénique doit être complète au cours des premiers mois. Les corticoïdes par voie générale accélèrent la guérison mais sont réservés aux formes sévères. La poursuite des activités professionnelles chez les travailleurs agricoles est possible sous réserve de réaménagement des conditions de travail et/ou du port de masques de protection respiratoire.

Pour plus d'informations : Consultez le site internet de RespiFIL.

 
Les pneumopathies d'hypersensibilité
(MSA Auvergne)
  Témoignage "Le poumon de fermier"
(MSA Auvergne)

Les asthmes et les allergies

En milieu agricole, il existe des asthmes allergiques qui sont globalement moins fréquents que dans la population générale (notamment en milieu de production laitière), et des asthmes non allergiques qui en revanche sont très présents dans certains secteurs, tels que les silos céréaliers, les élevages de porcs, de volailles, etc.

L’asthme allergique n’a pas de particularité par rapport aux autres asthmes allergiques du sujet non exposé. Il survient généralement chez des agriculteurs ayant des antécédents personnels ou familiaux d’atopie (asthme dans l’enfance, rhino-conjonctivite, eczéma atopique), et est déclenché par l’exposition à des substances agricoles auxquelles le malade s’est sensibilisé.

L’asthme non allergique peut survenir sans terrain prédisposé ; il est souvent associé à des signes de bronchite chronique et de BPCO, qui sont décrits plus bas.

Pour ces deux types d’asthme, les symptômes d’alerte sont communs : sifflements dans la poitrine, essoufflement brutal, oppression thoracique, réveils nocturnes avec sensation d’étouffement, toux sèche récidivante et liée à certaines tâches exposantes. Il existe parfois des signes associés tels qu’éternuements, écoulement nasal, conjonctivite, prurit cutané.

L’éviction peut être le seul traitement efficace, notamment quand il s’agit d’asthme lié aux pesticides anti-cholinestérasiques. Il est rare qu’une désensibilisation puisse être utile, compte tenu d’une polysensibilisation habituelle. En revanche, même dans l’asthme allergique classique, la maladie évolue souvent de façon subaiguë et peut aboutir à un état d’insuffisance respiratoire obstructive avancé, qui ne répond plus aux bronchodilatateurs et aux antiinflammatoires.


La broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO)

Un excès de bronchite chronique a été mis en évidence dans la plupart des secteurs agricoles et notamment en milieu de production laitière. Un surrisque de BPCO a été observé en France dans les secteurs d’élevage de porcs et de volailles, ainsi que chez les producteurs laitiers franc-comtois. Ce surrisque n’apparaît pas chez les éleveurs de bovins bretons.

A tabagisme égal, le risque de BPCO est environ 2 fois plus élevé dans les secteurs sus-cités que dans la population générale. Ce pourrait être les microorganismes et les toxines développés dans le foin, qui produisent une inflammation des petites bronches, puis des lésions assez proches de celles observées dans la BPCO tabagique. Cette BPCO n'a pas de spécificité clinique ou fonctionnelle avérée, si ce n'est que l'évolution vers une insuffisance respiratoire sévère est plus rare que dans la BPCO tabagique. 

Généralement, les symptômes associent toux et expectorations (crachats), d’abord en hiver, puis parfois toute l’année. Ensuite, apparaissent des difficultés respiratoires, d’abord lors des efforts intenses, puis qui peuvent progressivement survenir lors d’activités courantes. Des symptômes d’asthme tels que oppression thoracique, sifflements dans la poitrine peuvent être associés. 

La BPCO agricole peut être traitée par des bronchodilatateurs, voire des anti-inflammatoires, comme la BPCO tabagique. La réduction de l'exposition aux poussières organiques est bien sûr conseillée. D’un point de vue médico-légal, il est exceptionnel qu’une BPCO puisse être reconnue en maladie professionnelle, dans la mesure où cette pathologie n’est pas inscrite dans les tableaux. La nécessité de prouver une relation directe et essentielle entre l’exposition et la maladie limite considérablement les possibilités de réparation. L’exploration fonctionnelle respiratoire (EFR) permet de poser le diagnostic après bronchodilatation.

Pour plus d'informations : Consultez le site internet de Santé Respiratoire France.

  


Les bronchopneumopathies "toxiques"

Le plus fréquemment, il s’agit du syndrome toxique des poussières organiques, qui peut prendre d’autres noms. Par exemple, certains le dénomment « la fièvre des poussières ». En milieu de production laitière, dans le passé, on parlait de la « fièvre des batteurs ».

Les symptômes ressemblent à ceux de la pneumopathie d’hypersensibilité, avec un syndrome pseudo-grippal retardé par rapport à l’inhalation massive (et non plus seulement importante) de moisissures issues de céréales, foins, paille, etc. Généralement, tout rentre dans l’ordre en 24-36 h mais les symptômes peuvent récidiver, même si certains sujets ont tendance à s’accoutumer à ce type d’exposition.

Contrairement à la PHS, qui peut évoluer vers une insuffisance respiratoire chronique, le pronostic de ce syndrome toxique est bon, mais il peut faire le lit d’une BPCO dans certains cas.

De façon plus rare, il existe toute une série de maladies ou d’accidents dont certains peuvent être très graves :

  • La maladie des silos peut donner un œdème pulmonaire parfois mortel, lié à l’inhalation de NO2 lors des fermentations excessives de silos fourragers par exemple.
  • Des fibroses pulmonaires peuvent survenir lors d’agression aiguë par des gaz ou des substances chimiques, dans des conditions accidentelles
  • Des bronchiolites (rétrécissement des petites bronches), qui peuvent conduire à des insuffisances respiratoires graves, peuvent être la conséquence d’inhalations répétées de gaz toxiques et de produits phytosanitaires (qui sont actuellement retirés du marché)
  • Des symptômes parfois peu spécifiques et qu’on rencontre dans d’autres milieux professionnels : toux, irritation des voies aériennes supérieures et inférieures, poussée de fièvre…