Depuis plusieurs années, les études sur le suicide mettent en avant la sur-suicidité des agriculteurs français, et notamment pour deux populations masculines de non-salariés agricoles : les 25-39 ans et les plus de 65 ans.

L'acte suicidaire étant par définition multi-factoriel, les efforts de recherche se sont concentrés à partir d'approches quantitatives depuis plusieurs années sur un des facteurs principaux, à savoir la santé économique de l'exploitation ou de l'entreprise agricole qui est souvent la principale préoccupation des agriculteurs et qui est donc placée comme facteur de risque numéro un.

 

Or, dans une approche qualitative et sans sous-estimer la dimension économique dans les motifs du suicide, le projet MOSA se propose de privilégier une double approche autour du suicide en milieu agricole, centrés sur ces deux tranches d'âge :

- Une première approche pour les 25 - 39 ans (23.5 suicides pour 100 000 décès) autour de la question du différentiel de représentation du métier chez les futurs agriculteurs en formation et la réalité vécue du métier une fois installés.

Pour permettre le recueil des données, un travail est mené avec des lycées agricoles sur les programmes enseignés de la seconde jusqu'en terminale afin de saisir la place réservée aux savoirs professionnels et aux nouvelles technologies.

- Une seconde approche pour les plus de 65 ans (62.8 suicides pour 100 000 morts)  sur le manque de successeur familial créant une situation de déstabilisation et de remise en question de l'héritage familial voire d'abandon et de rejet du patrimoine commun.

Pour ce faire, une action a été menée avec les différentes caisses de MSA pour mener des entretiens compréhensifs dans les familles identifiées dont la retraite du chef d'exploitation coincide avec l'absence de successeurs directs.

Les résultats de cette recherche doivent permettre à terme de conduire des actions multi-partenariales de prévention :

- Dans le domaine de l'enseignement en lien avec les établissements agricoles, en agissant sur la formation professionnelle à partir de modules permettant de modifier les représentations du métier.

- Dans le domaine de la prévention des risques professionnels, par exemple en agissant sur les professionnels en cours de carrière.

Financé dans le cadre de l'appel à projet recherche de la CCMSA en 2020 et soutenu opérationnellement par l'ASEPT Franche-Comté/Bourgogne, cette recherche a été menée principalement en Franche-Comté ces deux dernières années et porte sur deux populations : les jeunes étudiants en formation agricole et les éleveurs de plus de 65 ans. Il aborde des hypothèses nouvelles permettant de faire le lien entre les travaux sur le suicide et d'autres qui portent sur la famille, le travail et l'école. 

Ces travaux ont été conduits par Dominique Jacques-Jouvenot, professeur émérite de sociologie et Sylvie Guigon, maître de conférences en Sociologie, toutes deux au sein du Laboratoire de Sociologie et d'Anthropologie de l'Université de Franche-Comté
 
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Coordination scientifique :

Coordination scientifique du projet : Dominique Jacques Jouvenot, Professeure des Universités de  Sociologie au Laboratoire de Sociologie et d'Anthropologie (LaSA) de l'Université de Franche-Comté.

Co-applicante : Sylvie Guigon, Maître de Conférences en Sociologie au LaSA de l'Université de Franche-Comté.